Norbert aussi
Norbert Tarayre: «J’ai voulu mourir à 15 ans»L'INTERVIEW INDISCRÈTE —
Le candidat à «Top Chef» n’a pas eu la vie facile. A Montreux, il s’est confié pour la première fois sur ses blessures intimes.
Norbert, qui êtes-vous?
Un autodidacte, enfant de commerçant, qui a envie de croire qu’on peut s’approcher des grands et aller très haut, même avec rien.
Votre tout premier souvenir?Le Noël de mes 4 ans. Mes parents m’avaient offert un ceinturon avec deux pistolets de cow-boy.
Etiez-vous un enfant sage?Jamais! J’étais hyperactif et créatif. J’ai causé beaucoup de souci à mes parents. Un jour que je voulais faire un garage avec des parpaings, l’un d’eux m’a échappé et je me suis retrouvé à l’hôpital, les orteils brisés.
De quoi aviez-vous peur?D’être mal-aimé depuis l’enfance.
Votre plus grand choc?
Le divorce de mes parents. À 9 ans, je me suis rendu compte que l’amour n’était pas éternel et qu’il fallait se battre pour le préserver.
Votre mère vous disait-elle «je t’aime»?
Oui, toujours. Je veux le dire et l’entendre de la bouche de mes deux filles de 5 et 3 ans aujourd’hui.
Comment avez-vous gagné votre premier argent?Je faisais les marchés de poisson avec mon père en banlieue parisienne. Je lui mentais en disant que je n’avais pas classe le jeudi ou le vendredi. C’était impossible à 9 ans. Ça prouve qu’on n’était pas très branché études dans la famille.
Que vouliez-vous devenir?Je voulais être aimé, être quelqu’un qui existe pour les autres et qui fait autant pour lui que pour autrui. Gamin, je me parlais devant la glace. A 31 ans, je continue à le faire. Comme j’avais du mal à entrer en conflit avec les gens, je réglais mes problèmes à travers un miroir. Je parlais, tout seul, juché sur des palettes en bois. Je me voyais, comédien, chanteur ou chef d’entreprise.
L’amour pour la première fois. C’était quand et avec qui?Le tout premier, c’est celui que j’ai éprouvé pour ma mère. Un jour, j’ai surpris mes parents en train de se faire des câlins. J’avais 8 ans et demi. Et, j’étais jaloux qu’un autre puisse toucher ma maman! Et même agressif vis-à-vis de mon père. Je prenais déjà conscience que j’allais devenir un homme et aimer un jour.
Et la vraie première fois?Elle s’appelait Florentine. J’avais 15 ans. J’avais lu un bouquin qui disait qu’il fallait se masturber avant le premier rapport pour que ça n’arrive pas trop vite. Je l’ai fait et du coup, je n’arrivais plus à bander. On a usé 4 capotes. A la fin, j’ai eu une érection, mais je n’avais plus de préservatifs. ( Rires.) On n’a pas pu le faire!
Le vrai bonheur?Je l’ai compris il y a 6 ans en épousant ma femme. C’est l’amour, la sincérité et le fait d’être aimé. Une fois que vous avez trouvé l’amour, rien ne vous résiste. C’est ma colonne vertébrale.
La plus belle de vos qualités?
La générosité. C’est aussi un défaut.
Votre plus grand regret?Dans ma vie, je n’ai connu que des refus, pas de regrets. Le regret, c’est pour les gens malheureux.
Avez-vous déjà volé?J’ai commencé par une pomme. Un pote m’a dit un jour: «T’es capable de voler un autoradio?» J’ai dit OK. Le mec est arrivé, je venais de tordre sa portière. Je suis un peu Pierre Richard quand je fais des trucs louches. La vie se charge de me rendre la monnaie de ma pièce.
Avez-vous déjà tué?Oui, j’ai tué mon père. Dans mon cœur. J’ai fait son deuil. Je l’ai croisé à Rungis récemment et j’ai compris que c’était fini. Ça restera mon père sur le papier. Il ne sera jamais ce que je voulais qu’il soit… J’ai tué mon père et l’amour que je lui portais. J’en suis soulagé et heureux.
Si vous aviez le permis de tuer quelqu’un, qui serait-ce?Je tuerai celui qui est à la fois con et méchant. Un Hitler. Je vous dis ça, parce que ma grand-mère a été déportée en Pologne. Elle a accouché dans les camps.
Avez-vous payé pour l’amour?Une seule fois, à Anvers. J’avais bu et fumé un joint. Le rapport a duré une heure. La nana voulait me jeter. J’ai repayé pour rester. Je n’arrivais pas à mes fins et la fille s’est cassée. Une fois à jeun, j’ai réalisé que je ne pouvais pas payer pour l’amour.
Avez-vous déjà menti à la personne qui partage votre vie?Oui, en donnant 2000 euros à maman qui avait fait banqueroute. Ma femme ne voulait pas.
Avec qui aimeriez-vous passer une agréable soirée?Daniel Balavoine. Et chez les vivants, Christine Lagarde, pour son savoir. Elle m’attire pour ça.
Qui trouvez-vous sexy?Carole Bouquet. Il y a tout en elle.
Pourquoi avez-vous pleuré la dernière fois?A la fin de «Top Chef». J’allais soudain me séparer de 130 personnes. On a communié dans les larmes.
De quoi souffrez-vous?Désespérément de ne pas croire en moi et d’une hernie mal opérée.
Avez-vous déjà frôlé la mort?Par suicide. Florentine, mon amour de jeunesse, avait avorté en secret. Moi, je m’étais fâché avec mon père. Le cumul des deux m’a fait avaler une boîte de Lexomil et du Dolipran. Ma mère à 30 km a pressenti que ça n’allait pas. Elle m’a découvert en train de crever. J’avais 15 ans.
Croyez-vous en Dieu?Je ne crois pas en Dieu. J’essaie de croire en moi! Ma devise c’est: «aide-toi, le ciel t’aidera».
Votre péché mignon?C’est de ne pas faire à manger. ( Rires. ) Je suis un boulimique. Je peux avaler un saucisson entier, une demi-terrine de campagne, une demi-mortadelle à la truffe. Mon record, c’est 5 andouillettes grillées.
Trois objets culturels à prendre sur une île déserte?Le «Manuel d’un guerrier de la lumière» de Paulo Coelho, un disque de U2 et le film «American Beauty» qui parle de la non-communication dans le couple.
Combien gagnez-vous par an?Je vise les 300 000 euros cette année.
Pensez-vous gagner assez par rapport au travail fourni?En cuisine, non. En télé, on gagne plus rapidement, mais pas plus facilement.
Qui sont vos vrais amis?Ceux d’avant «Top Chef». Ils m’ont connu et aidé lorsque j’ai fermé mes deux restaurants. J’ai failli perdre ma maison avec ma femme et mes gosses. J’étais limite SDF.
Que souhaitez-vous à vos pires ennemis?D’être heureux.
Ronflez-vous la nuit?Oui. Il y a deux jours, mon épouse est partie dormir sur le canapé!
Qui aimeriez-vous voir répondre à ce questionnaire?Jean Imbert, le gagnant de «Top Chef» afin de savoir réellement qui il est. C’est un mur. Personne ne connaît ses sentiments. J’ai son amitié mais avec beaucoup de réserve: je ne le connais pas. J’aimerais voir s’il aurait l’honnêteté de répondre à vos questions.
Le Matin